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Objectifs

Renouveler les politiques de conservation des patrimoines en lien avec les populations locales du Timor-Leste : collecter et documenter les éléments qualifiés de « patrimoniaux » (à transmettre aux générations futures) et assurer leur reconnaissance et valorisation par les pouvoirs publics.

Actions concrètes

– Identifier et collecter les savoirs locaux à conserver et à transmettre aux générations futures
– Participer à des réunions collectives avec toutes les composantes de la société locale
– Co-production d’un ouvrage en plusieurs langues locales pour préserver et transmettre les savoirs locaux

Déjà créé
À l'international
  • Indonésie
  • Timor oriental

Indonésie et Timor Leste Péninsule de Tanjung Bunga, Flores, NTT, Indonésie Ile d’Ataùro, district de Dili, Timor Est

Type de projet : Sur le terrain

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grenier dans l'île d'Atauro

Description du projet

Objectifs

Dans les pays non occidentaux, les pratiques de patrimonialisation restent généralement d’inspiration occidentale, et l’adhésion locale dépasse rarement la perspective économique associée au tourisme. D’impulsion internationale ou nationale, les politiques du patrimoine prennent rarement en compte la perspective endogène ou locale portant sur les objets, lieux et savoirs chargés de sens pour les populations qui leur attribuent une valeur symbolique ou identitaire.

Le projet POPEI-coll propose d’analyser la pertinence locale de la notion de patrimoine et des autres référentiels de la culture et des identités, afin d’explorer, sur un mode collaboratif, des solutions originales pour leur valorisation et leur transmission, en interaction avec les administrations politiques régionales. 

La recherche s’appuie sur un terrain en Asie du Sud-Est insulaire, la petite île d’Ataúro à Timor-Leste. Toute la région est la cible de projets d’aménagements touristiques laissant supposer, dans les prochaines décennies, des transformations majeures de ces espaces insulaires et de leurs communautés.

Le projet se propose d’analyser les conditions et les possibilités de l’approche collaborative pour la valorisation des pratiques et des savoirs locaux. Cette approche bouleverse les rapports classiques de la recherche, le chercheur se trouvant potentiellement soumis à des enjeux qu’il ne contrôle pas, mais étant aussi susceptible d’imposer ses représentations aux groupes locaux. Elle questionne aussi les échelles de la collaboration (quel collectif considérer, quelle échelle ?). La réflexion porte enfin sur les finalités, les modalités, les limites et les intérêts de la recherche collaborative, sur la frontière entre recherche scientifique et finalisée, dans une région où la perspective du tourisme est à l’origine de demandes pressantes envers les chercheurs. 

Dans le contexte de politiques publiques patrimoniales très top-down et mal comprises localement, il est nécessaire de développer une approche participative voir collaborative pour obtenir une adhésion des populations locales, le projet visant à promouvoir leurs propres objets et représentations. Cette participation est la seule garante de la durabilité des politiques du patrimoine et permet également de renouveler à la fois les objets du patrimoine et les politiques qui visent à les promouvoir. L’ensemble de l’opération est également mené sur un mode réflexif : analyse des échelles et modalités de la participation, ainsi que des modalités, biais et limites de l’approche collaborative.

Modalités de participation

Les populations locales sont invitées à participer aux politiques de préservation de leurs patrimoines locaux afin de pouvoir les transmettre aux générations futures.

  • identifier de manière individuelle et collective les savoirs locaux à conserver et à transmettre aux générations futures
  • les savoirs, désignés par les populations locales, sont documentées par les chercheurs
  • participer à des réunions collectives avec toutes les composantes de la société locale pour décider de la démarche participative à suivre, des modalités de recueil des informations et des modes de restitution finale. 
  • co-production d’un ouvrage en plusieurs langues locales

Résultats

Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs a ainsi travaillé entre 2019 et 2023 pour collecter et documenter ces éléments patrimoniaux et œuvrer à leur reconnaissance par les populations elles-mêmes et par les pouvoirs publics. 

Une grande réunion organisée dans l’île en avril 2022, associant maîtres de la parole coutumiers, chefs administratifs et responsables des écoles, a permis d’engager l’ensemble des partenaires et d’enclencher le processus participatif.

L’accord collectif a porté sur le principe d’une production destinée aux habitants. L’idée d’un livre en langues locales, et servant à préserver celles-ci et la tradition qu’elles véhiculaient, a été plébiscitée et mise en œuvre dans la foulée.

Ce travail a pu aboutir grâce à l’investissement de personnes-clés, des « passeurs » locaux maîtrisant les langues et les cultures locales, intervenant à l’articulation du travail des chercheurs et de l’engagement des populations, et coéditeurs de l’ouvrage.

La collecte minutieuse des traditions orales se faisait auprès de divers informateurs ou groupes d’informateurs, mais le mode véritablement collectif n’intervenait que lors de la validation des textes choisis pour intégrer l’ouvrage (des ateliers ont été organisés en avril-mai 2023 dans ce but). 

Ce travail participatif a eu des impacts positifs sur la société locale mais aussi a généré des difficultés voire des conflits. Le livre « Lian Rama Hana » (« les voix des arcs »), titre choisi par les éditeurs, répond à une forte demande des écoles de l’île, où les enseignants déplorent l’inexistence totale de données sur la culture locale ; ils espèrent faire entrer cette culture dans leur enseignement et, en y associant les détenteurs de la parole ou des chants au cours de sessions dédiées, contribuer à maintenir cette culture un tant soit peu vivante. Une partie des habitants a refusé le renforcement d’une coutume que dénigrent souvent les courants religieux évangéliques (concernant 70% de la population de l’île), et cette expérience a révélé une divergence latente avec les catholiques.

Sur le plan scientifique, une importante transformation a été opérée sur les données collectées au cours du processus participatif. Les séances de validation collective des textes du livre avec la population ont abouti à supprimer, censurer ou transformer certains éléments, ce dans plusieurs buts clairement exprimés : maintenir une paix sociale entre les fédérations de clans formant un groupe linguistique, afin qu’aucun d’eux n’apparaisse valorisé ou rabaissé. Cet exercice très politique de polissage des informations, conduit par les éditeurs locaux eux-mêmes, a dérouté les chercheurs qui les perçoivent en contradiction avec les pratiques de l’anthropologie. 

Ressources

Chaîne YouTube POPEI-Coll  https://www.youtube.com/channel/UCLi0n1LHrw5fO5jPIPkqDxg

Références bibliographiques

  • A paraître, n° spécial Archipel sur le projet POPEI-Coll à Ataúro (2024–2025). 
  • Guillaud Dominique, Rappoport Dana, Koli Kali (Joanico de Sousa Araújo), Lew Comacose, Kau Sahé (José Lopes), Romeu Soares da Silva et Joanita do Rêgo Soares (eds), 2023. Lian Rama Hana : Istórias lian no knananuk Ataúro. IRD-SEAC, Prolong Press China, 232 p.

Les co-responsables

Dominique GUILLAUD

Dominique GUILLAUD

Directrice de recherches IRD - Coordinatrice du projet POPEI-coll, responsable équipe PALOC

L'IRD

PALOC Patrimoines locaux, environnement et gouvernance

Dana RAPPOPORT

Dana RAPPOPORT

Co-coordinatrice, Responsable de l’équipe CASE

CASE

Dana RAPPOPORT

CASE

Les partenaires