Contexte et objectifs

Le programme de recherche « Vallée de l’Eure : une rivière, des territoires », initié depuis 2019 au sein de l’UMR Orient & Méditerranée (Cnrs / Sorbonne Université), s’intéresse à la façon dont les communautés humaines ont construit et déconstruit leurs territoires au fil du temps, de la Préhistoire à l’époque contemporaine, et la façon dont, rétrospectivement, on appréhende ces constructions / déconstructions à partir des traces plus ou moins visibles et reconnaissables des occupations et aménagements successifs.

Modelés dès la Préhistoire par des communautés humaines aux influences culturelles multiples, les paysages ruraux de cette vallée secondaire, affluente de la Seine en rive gauche, témoignent encore aujourd’hui d’une trajectoire archéologique et historique composite à l’origine d’une succession de divisions territoriales aux contours mouvants.

Dans un contexte de faible documentation archéologique, l’étude du bassin-versant de l’Eure ouvre la possibilité de constituer un véritable atelier de travail pour de nouvelles méthodes d’approche pluri- et interdisciplinaires. La reconstitution des dynamiques socio-environnementales peut en effet difficilement s’affranchir de l’étude des phénomènes connexes, relevant notamment de la formation des paysages et des paléoenvironnements. Il s’agit ainsi de croiser, dans une perspective multi-scalaire et diachronique, les données relevant des sciences de la Terre, de l’Environnement et de la Société.

L’archéologie n’est pas qu’une question de patrimoine : c’est aussi celle de l’environnement et de sa conjonction avec les activités humaines, passées, actuelles, futures. L’un des objectifs majeurs du programme est de mettre en synergie tout le potentiel collaboratif que peuvent susciter les savoirs et les questionnements sur l’évolution de cet environnement dont les habitants et acteurs locaux d’une région ont une connaisse précise et souvent séculaire. 

Modalités de participation

ValEuRT invite les habitants et acteurs locaux à participer à l’inventaire des témoins d’occupation humaine et des transformations paysagères et vise à les sensibiliser aux enjeux de la préservation de leur patrimoine culturel et naturel.

La production des connaissances scientifiques s’appuie sur des campagnes d’acquisition de données de terrain, qu’il s’agisse de prospections pédestres ou d’apports de connaissances et de ressources pertinentes. Elle s’appuie également sur la documentation d’archives et de cartographie.

La participation se fait tout au long de l’année et au gré des campagnes de terrain – prospections au sol ; partages de données/connaissances du territoire ; participation à l’inventaire archéologique ; prospections aériennes ; télédétection…

Des campagnes de prospections archéologiques, qui rassemblent étudiants et population locale, permettent de collecter des données à large échelle temporelle. Deux grands types d’informations sont recueillis et mis en partage en vue d’offrir une vision globale de ce qui marque un territoire et son évolution : 

• le positionnement dans l’espace d’un objet (mobilier ou immobilier) découvert ou connu ;
• les éléments de chronologie et de temporalité particulière qui le caractérise.

Dans un futur proche, il est question d’élaborer une plateforme collaborative munie d’outils d’analyses faciles à prendre en main pour que chacun puisse s’emparer des données et les analyser à son échelle. Cet outil se voudra collaboratif, permettant à la fois de rassembler la documentation disponible au fil de l’eau, quelle que soit sa provenance, et d’en restituer les analyses pour favoriser les participations. L’objectif sera de contribuer à l’appropriation par la population et les acteurs locaux des enjeux liés à la conservation d’un patrimoine à la fois culturel et naturel.

Résultats

L’ensemble des résultats concernant le projet de recherche ainsi que les comptes rendus d’actions menées sont consultables sur le carnet de recherche valeurt.hypotheses.org/.

À travers les campagnes de prospections archéologiques, les participants acquièrent une meilleure connaissance de leur environnement et des interactions entre patrimoine culturel et paysager comme « lieu de vie » évolutif dans le temps.

En 2021 et 2023, deux hackathons réunissant pendant 3 jours et 3 nuits des apprenants et apprenantes développeurs de l’école Simplon de Charleville-Mézières ont permis d’élaborer des propositions d’application pour l’acquisition de données par la prise de vue (via smartphone) et leur géolocalisation.

Références

Dugast, Fabienne, « Transformation de la valeur de la donnée : particularités des SP en archéologie et en (re)connaissance d’un patrimoine commun », dans Faire Science Ensemble, à paraître MNHN. 

Dugast, Fabienne, « La vallée de l’Eure (Eure ; Eure-et-Loir) : un territoire propice pour développer la démarche participative en archéologie de terrain ? », dans J.-D. Vigne et al., Démarches participatives pour la recherche et la valorisation du patrimoine archéologique (Actes du colloque de la SPF 14–15 mars 2024), à paraître.